Le jour où je ne suis pas devenu polyamoureux (Partie 2)

Puisqu’il faut choisir…  

J’ai donc pris une décision qui m’a couté, mais avec laquelle j’étais en phase : j’ai demandé à L. qu’on arrête cette relation et toute communication. Je réalisais que ça ne nous mènerait nulle part de continuer comme ça. Elle serait toujours dans l’attente de quelque chose et moi toujours à “jouer” avec la limite imposée par mon “contrat” d’exclusivité. 

Les jours qui ont suivi ont été atroces et ont fini de me prouver que j’étais amoureux d’elle. Je la recroisais dans le cadre de mon travail et c’était autant agréable que douloureux. Elle était le poison et le sérum.

Aujourd’hui les choses sont beaucoup plus apaisés. Je sens que le deuil de cette relation est fait et mon énergie et mon envie est tournée vers la reconstruction de mon lien avec ma femme.

L’analyse et la compréhension du pourquoi cette histoire est arrivée viendra plus tard.

L’heure du bilan sur le polyamour

Bien sûr, être amoureux est une sensation unique et merveilleuse. Assurément, j’ai aimé cette rencontre avec L. et tous ces échanges qu’on a eus. Ce n’est pas pour rien s’il y a autant de chansons, livres, etc. sur le sujet.

Mais je reste avec un sentiment d’échec à plusieurs niveaux

• J’ai été obligé de rompre une relation qui m’apportait beaucoup et qui rayonnait dans d’autres sphères (travail, amis, enfants) et ça rejaillissait dans la relation avec ma femme (tendresse, sexe, amour). J’étais heureux, amoureux et ça ne m’éloignait pas de ma femme, bien au contraire !
• Je suis tellement conditionné par une norme exclusive que j’ai été incapable d’aller vers ma femme et lui dire : “j’ai rencontré quelqu’un avec qui je me sens bien et avec qui j’ai envie de partager plus qu’une amitié, je ne sais pas encore vers où ça ira, je sais juste que ça ne m’empêche pas de t’aimer et que je ne veux pas te perdre. Est-ce que c’est ok pour toi ?”

Je n’osais même pas me le formuler à moi-même et je crois que même si ç’avait été le cas, je trouve que c’est impossible à dire, c’est trop violent.

• Cette histoire nous a énormément déstabilisés. Ma femme a perdu confiance en elle et en moi. C’est dur de voir les dégâts que ç’a pu causer. Même si je sais que sa manière de prendre les choses lui appartient, c’est dur de voir la personne qu’on aime souffrir. Pour la confiance qu’elle a en moi, c’est dur aussi, car j’ai justement tenu à être toujours dans l’honnêteté. Avec mes limites bien sûr, mais mon intention était là.
• J’ai l’impression que dans ce schéma d’amour exclusif, dès lors que tu es amoureux ou attiré par quelqu’un d’autre ça remet en question l’amour pour le/la partenaire: si j’aime quelqu’un d’autre ça veut dire que ma femme ne me convient plus ? que je ne suis pas vraiment heureux avec elle ? qu’inconsciemment, j’essaie de quitter ma femme ? Cette manière de voir les choses est guidée par une vision de l’amour exclusif et m’amène à des questions super flippantes dont je n’ai pas les réponses. En tout cas, je sais que j’aime ma femme, je l’admire, je la trouve toujours aussi attirante et belle. Mais je sais aussi ce qui ne me convient pas ou ce que je ne partage pas avec elle et ça ne me pose pas de pb. En tout cas, pas au point de tout remettre en question et nous séparer.

Avec des si

Mais vient maintenant le temps de la réflexion.

Nous serions dans une relation polyamoureuse, ça voudrait dire que dans une relation de confiance et d’amour avec ma femme, je pourrai laisser exprimer ce que je ressens avec L. sans que cela mette en péril notre couple ? ça voudrait dire que je n’aurai pas à choisir entre L et ma femme ? Je ne trahirai personne ? Elle est où l’arnaque ?

Mais si je vais plus loin, est-ce vraiment du polyamour ou juste un moyen pour moi d’avoir le beurre, l’argent du beurre et les beaux yeux de la crémière en même temps ? Et finalement, devrais-je m’en vouloir de tout vouloir ? 

Est-ce que je serai capable en retour de laisser ma femme avoir ce genre de relations extra conjugale ? Quand je repense à la douleur que m’a provoqué son attirance pour un de ses collègues, je doute de ma capacité à cela.

Alors la polyamorie, une vraie déconstruction d’un modèle vieillissant ou juste une opportunité de jouir sans contrainte ? Jouir sans contraintes ok, mais quand l’autre n’est pas consentant ça n’est plus ok. Et je crois que peu des gens sont capables de ça.

C’est là où je sens l’arnaque. Un peu comme une pub alléchante, mais que tu comprends en lisant les petites lignes du contrat que les prérequis demandés pour y accéder sont quasi impossibles à réunir.

Cette histoire m’a amené d’autres questions plus générales 

À partir de quand on trompe quelqu’un ? Est-ce uniquement l’acte sexuel qui en est le marqueur ? Je peux me contrôler et ne pas céder à la tentation de coucher avec une personne, mais je peux difficilement m’empêcher de tomber amoureux de quelqu’un.

À la rigueur, là où je peux agir, c’est ne pas alimenter une relation qui n’est pas possible. Ma femme en a été capable avec son collègue. Moi pas. On n’est pas fait pareil. Je crois que je suis plus dépendant qu’elle au sentiment amoureux. Ça parle peut-être du réservoir d’amour qu’on a eu en tant qu’enfant. Et elle et moi n’avons pas grandi avec le même genre de parents.

Je ne cherche pas à me déresponsabiliser, juste à comprendre. Je ne sais pas trop comment finir ce texte sur le polyamour. J’avais envie de témoigner pour dire à ceux qui galèrent : vous n’êtes pas seuls, très peu de personnes sont capables d’aller en Polyamorie. Le pays du polyamour a l’air magnifique, mais le voyage est couteux…..

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Note d’Adam : l’article de ce lecteur qui a souhaité rester anonyme est découpé en deux parties, pour éviter qu’il soit trop long, voici les deux parties :

• Le jour où je ne suis pas devenu polyamoureux (Partie 1)
• Le jour où je ne suis pas devenu polyamoureux (Partie 2)

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Crédit photos : Depositphotos