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Le jour où je ne suis pas devenu polyamoureux (Partie 1)

Je suis un homme hétéro de près de 50 ans en couple exclusif avec la même partenaire depuis 25 ans. Ma femme et moi sommes depuis le début de notre relation dans la conscience qu’un couple peut étouffer les individualités et avons à cœur de ne pas nous “oublier”. Dans ce sens, nous avons chacun une grande liberté à faire des choses sans l’autre.

J’ai découvert la notion de polyamour via NouveauxPlaisirs.fr et La Sexosphère, le discord qui y est associé.  Les discussions et témoignages m’ont fait réfléchir, car même si je suis bien dans mon couple et amoureux de ma compagne, il est possible qu’elle ou moi soyons attiré par quelqu’un d’autre. Je considérais le polyamour au départ comme une manière un peu facile de ne pas se frotter à la question parfois épineuse de la longévité d’un couple. Je sais, c’est un peu dur dit comme ça, mais je partais avec ces aprioris et je ne pense pas être le seul être humain à en avoir.  

Au fil de mes lectures, je me suis rendu compte à quel point cette “pratique” est tout sauf facile et à quel point elle peut raviver des peurs. À quel point le chemin le plus facile est de rester dans celui qu’on nous a toujours montré et que dès qu’on s’en écarte, on fait comme on peut avec ce qu’on est (et ce qu’on n’est pas).

Bon, je m’égare un peu…  

Ces questions théoriques que je me posais sur le polyamour sont venues me confronter avec violence dans mon quotidien par une rencontre que je n’avais pas vue venir.

Une rencontre imprévue 

Je travaille en contact avec du public au quotidien. Ceci me met régulièrement dans des situations de rencontres et d’échanges, ce qui me plait énormément, car j’aime le contact humain. Avec certaines personnes, il arrive que les discussions aillent un peu plus loin que le superficiel. Avec l’une d’entre elle (que je nommerai L. ) le courant passait tellement bien qu’on a envisagé de se voir en dehors de mon travail pour continuer nos discussions. 

Un bar, un resto, une ballade, chez elle ? J’en avais très envie et en même temps, je sentais que certains lieux me mettaient par avance mal à l’aise. Un homme et une femme dans un bar ou un resto… il y avait un truc qui sonnait ambigu. Et dans le même temps, je me disais : “et merde, je ne vais pas rentrer dans ces clichés de mecs hétéros, on peut faire des rencontres homme/femme sans que ça soit avec une idée derrière la tête”.

C’est au moment d’informer ma femme que j’avais rendez-vous avec une femme rencontrée dans mon travail que je me suis senti rougir… Mon corps me disait quelque chose…

Je retrouve donc L. dans ce bar. Passé les premières secondes un peu gênantes liées au contexte peu banal pour moi, la soirée est très agréable. On se parle comme si on se connaissait bien, tout est finalement assez facile et naturel. Au moment de nous quitter, je sens qu’elle a quelque chose à me dire, elle cherche ses mots….. pour finalement me dire qu’elle se sent très troublée en ma présence et qu’elle se sent très attirée par moi.

Le ciel m’est tombé sur la tête à ce moment-là, bien que tout à coup les petits échanges qu’on avait depuis plusieurs semaines prenaient un autre sens, comme une photo floue qui devient plus nette. Je crois qu’une partie de moi l’avait senti sans vraiment en prendre conscience.

polyamour

Je l’ai remercié pour sa sincérité et son courage, mais lui ai dit immédiatement qu’il n’y aurait rien de possible entre nous. Que j’aimais ma femme et que je ne ressentais pas de sentiments amoureux pour elle. C’était un moment super dur. La déception que j’ai lue dans ses yeux m’a bouleversé.

Le lendemain matin, au réveil, ma femme me demande comment s’est passé ce RDV et je lui dis clairement qu’elle est amoureuse de moi. Sa 1ʳᵉ réaction a été de me demander si moi, j’avais des sentiments pour elle. Ce à quoi j’ai répondu non, comme une évidence. Comme si de toute façon, il n’y avait pas d’autre réponse possible. Mais à partir de ce jour, un doute s’est insinué en moi.

Les vacances de Noël m’ont éloigné d’elle, mais je sentais que je pensais beaucoup (trop?) à elle. Ce que je pensais être juste de l’intérêt pour son état moral suite à mon refus m’est apparu rapidement comme un sentiment bien plus complexe. Tellement qu’il me torturait et m’a bien compliqué les fêtes de fin d’année. Nos échanges via WhatsApp ont sans doute alimenté ça, mais de toute façon sa “déclaration” m’a aussi révélé quelque chose que je ne voulais pas voir auparavant : cette femme m’avait séduit.

Il m’a fallu du temps pour l’admettre. Et je réalise aujourd’hui que ce qui m’en a empêché, c’était ce sentiment de tromper ma femme. C’est d’ailleurs ce terme qu’elle emploiera plus tard quand je lui dirai que je ressens finalement des choses pour L.

La force du déni a été très importante chez moi. Pleins de signes me montraient que j’étais amoureux. Signes physiques qui se déclaraient en sa présence : bouche sèche, rythme cardiaque qui augmente, mains moites, etc. Je suppose que ça parle à pas mal de gens… Mais aussi psychologique : elle occupait beaucoup de mes pensées, sentiment euphorique après l’avoir vu, suivi de gros moments down quand j’avais envie de la voir. On s’échangeait des messages 20 fois par jour. Et c’était tellement bon !

Houston on a un problème, possibilité de polyamour ?

Des discussions ont commencé avec ma femme. Je voulais être transparent et honnête avec elle. Bien sûr, elle avait senti des choses. Elle sentait que notre relation n’était pas claire et j’admettais qu’elle avait raison tout en lui disant que je n’étais pas amoureux de L. Je me persuadais que je vivais juste une relation amicale puissante, mais là encore, j’étais dans le déni. Je ne voulais tellement pas faire partie de ces mecs qui trompent leurs femmes que je tordais la réalité pour qu’elle s’adapte à mes valeurs (ou mes croyances comme dirait ce cher Adam 😄).

tomber amoureux, polyamour

Dans notre histoire de couple, je dois mentionner que ma femme a déjà vécu une attirance quelques années auparavant pour quelqu’un de son entourage professionnel. Cette attirance était partagée. Mais la peur de faire voler en éclat leurs couples respectifs a été plus forte et cette histoire s’est terminée au bout de trois mois par un changement de lieu de travail pour lui et par leur décision de ne plus entretenir de liens entre eux. À l’époque, elle m’en avait parlé, ce fut une épreuve très douloureuse. Pas de colère ou de jalousie, mais le sentiment d’une trahison. Finalement cet épisode a ouvert un autre chapitre magnifique de notre couple, mais c’est une autre histoire. 

Elle était donc assez clairvoyante sur la puissance du sentiment amoureux, car déjà passé par là.

Je m’apercevais qu’on se débâtait avec ce que la relation exclusive nous imposait. Jusqu’à maintenant, c’était un modèle que je n’avais jamais remis en cause. Je m’interrogeais à voix haute avec ma femme sur cette difficulté à laisser son partenaire être attiré par une autre personne. Que ce soit à l’époque où elle a été attirée par un collègue ou aujourd’hui ma situation avec L. 

Dans un mouvement d’amour pour moi et le désir d’une grande ouverture, elle m’a dit que pour elle, qu’elle le veuille ou non, on était déjà dans un schéma polyamoureux, car elle sentait que je l’aimais elle et une autre personne et que ça ne l’empêchait pas de m’aimer. Elle me disait que ça l’aidait à accepter ce qui nous arrivait de penser les choses comme ça.

Voyant ma femme assez ouverte, j’ai reprogrammé une soirée resto/bar avec L. J’étais super content. Mon souhait étant de pouvoir garder ce lien fort avec L. sans avoir l’impression de tromper ma femme ou de faire des trucs dans son dos. 

La soirée était géniale et le lendemain, je debrief avec ma femme. Je lui dis que je suis rassuré de voir que cette relation peut aller vers une belle amitié. Je sais que ça peut paraitre naïf, mais j’y croyais sincèrement !

Mais quand je lui annonce qu’on a prévu de piqueniquer deux jours plus tard sur ma pause déjeuner, je sens un truc qui change chez elle. Elle ne comprend pas qu’on ait besoin de se revoir si rapidement. Je lui explique que c’est quelqu’un avec qui j’ai des échanges tous les jours, que quand on s’appelle, c’est jamais moins d’1 h de discussion, etc. 

Et à ce moment, elle a eu besoin de prendre de la distance avec moi, elle me disait qu’elle n’arrivait plus à y voir clair, mais qu’elle se sentait mal en ma présence. On a donc choisi de ne plus être dans la même maison le temps qu’elle se retrouve. 

polyamour et séparation

Ces deux semaines de mise à distance lui, on permit de se recentrer et de se rendre compte que cette situation ne lui convenait pas. Elle s’est positionnée clairement en me disant : “si tu veux vivre quelque chose avec cette personne, ça sera sans moi, je n’en suis pas capable “. Elle avait l’impression que je l’embobinais. Et je comprends bien qu’elle ait eu cette sensation: j’étais moi-même pas clair avec mes sentiments pour L.

Dans le même temps, j’ai commencé à avoir des troubles du sommeil, de l’alimentation (j’ai perdu du poids), j’étais parfois traversé par une tristesse qui me dévastait et finissait toujours par des pleurs certes libérateurs, mais qui me vidaient. Ça posait des problèmes dans mon quotidien professionnel.

Je mesurais à quel point depuis un moment, je mentais à tout le monde : à moi, à L. et à ma femme. Il m’a fallu deux mois pour oser me dire : “je suis amoureux”. C’était “pratique” : tant que je me refusais à l’admettre, je ne trompais personne. Et pourtant ce sentiment était là depuis quasiment le lendemain de sa “déclaration”

Avec le recul, je me rends compte à quel point j’étais en total dissonance :  Mon cœur et ma tête n’étaient pas reliés et c’était une vraie torture.


Note d’Adam : l’article de ce lecteur qui a souhaité rester anonyme est découpé en deux parties, pour éviter qu’il soit trop long, voici les deux parties :


Crédit photos : Depositphotos

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