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  • #50049
    bzo
    Participant

     j’ai eu une phase de déprime assez sévère, pendant laquelle je me suis battu avec un sentiment d’abandon, de finitude, où plus rien n’avait de sens, et une angoisse très forte devant la perspective d’affronter les heures, les jours. Et sans savoir pourquoi, j’ai relié cet état à la grande qualité de mes sessions, comme si c’était à cause de ça que plus grand-chose n’avait de sens.

    je connais cela, faire des associations malheureuses dans sa tête,

    personnellement ma pratique est une des rares choses sur laquelle je peux compter,

    c’est, selon les moments, une bouée de sauvetage qui me tient à flot, à d’autres, un moyen d’expérimenter toujours plus en avant,

    de renforcer toujours plus cette complicité avec mon corps

     

    j’ai du mal à comprendre, je dois avouer, pourquoi tu associes ta pratique, à ces moments d’angoisse, de perte de sens, de sentiment d’abandon,

    personnellement c’est un tel ressourcement, à chaque fois, même quand c’est pour quelques secondes

     

    tellement de laideur, de cruauté, de bêtise, de vulgarité, nous entourent dans ce monde,

    tellement peu de choses semblent faire sens,

    ma pratique est une des rares activités qui m’en donne,

    l’art, la littérature, aussi

     

    approfondir toujours plus le lien avec mon corps,

    vivre une communion ardente, voluptueuse, avec lui,

    fait vraiment sens pour moi

     

    pas juste le plaisir dans l’instant,

    il y a là bien plus, à vivre

     

    la complicité avec mon corps, m’offre des clefs

    pour ouvrir d’autres portes aussi,

    quand je suis en forêt, par exemple,

    j’établis une sorte de contact avec la nature,

    par l’intermédiaire de ce rapprochement avec mon corps

     

    mais avec d’autres gens aussi,

    cette complicité avec ma chair,

    je ressens une capacité toujours plus grandissante

    à projeter cette complicité vers d’autres

     

    Mais je me demande bien où je vais.

    hum, tu sembles assez déboussolé,

    te posant sans doute des questions , remettant en question pas mal de choses dans ta vie

    mais pourquoi tu sembles dénigrer ta pratique?

    lui imputer une influence négative,

    tu n’en ferais pas un bouc émissaire?

     

    est-ce un sentiment de culpabilité

    que ta pratique en solitaire devient trop puissante, trop riche

    et que tu as peur qu’elle prenne trop de place dans ta vie sexuelle,

    par rapport à ta compagne?

    #50088
    augnat
    Participant

    Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai choisi de procéder à un ralentissement de ma pratique.

    À côté de mes explorations prostatiques et assimilées, j’ai une pratique artistique très poussée et infiniment satisfaisante qui, dans un sens évidemment différent du sexuel, vient solliciter mes sens, corps et esprit, vient combler des choses, est absolument nécessaire à mon existence. Et j’ai remarqué que, exactement de la même manière, quand je suis dans une période de creux comme en ce moment, j’ai tendance à moins pratiquer. Moins je fais, moins je fais. Spirale négative.

    Peut-être que ma pratique est trop ritualisée, dans le temps que je lui réserve, comme je suis obligé de planifier mes sessions, du fait de ma vie et de ses obligations qui ne sont pas les mêmes (les miennes sont plus mainstream, hélas pour moi). Et d’ailleurs, c’est quand les choses arrivent alors que je ne les avais pas prévues, que j’en ressors avec les sentiments les plus positifs, comme tu dis :

    c’est un tel ressourcement, à chaque fois, même quand c’est pour quelques secondes

    et ça je le ressens aussi. Ce matin par exemple, en me préparant et malgré mon timing serré, j’ai répondu à l’appel et je me suis laissé électriser. Ce qui ne m’a pas empêché d’être à l’heure.

    Et d’autre part, je me méfie de ma tendance à la compulsion et de l’effet rebond qu’elle peut enclencher – rebond vers le bas : après avoir beaucoup pratiqué et avoir ressenti un sentiment d’euphorie, de bien-être, vient un moment où je ressens un sentiment de vide, d’à quoi bon, lié à la répétition. J’ai besoin de varier mes activités, et quand je pars dans la compulsion, je le fais souvent sur un mode monomaniaque. Le plus marquant avait été un moment où la pratique intensive de l’art m’avait entraîné dans une essoreuse émotionnelle hyper vivifiante qui avait duré plusieurs semaines ; mais quand elle s’est terminée, j’ai été apathique pendant plusieurs mois, une fatigue extrême, comme sous l’effet d’un burn-out émotionnel.

    C’est peut-être quelque chose de cet ordre ça qui m’est arrivé avec ma pratique. Ça a été extrêmement intense pendant une poignée de jours, et j’ai pu mettre une protection inconsciente.

    Je ne dénigre pas ma pratique. Elle fait partie de moi et c’est une des plus belles choses qui me soient arrivées sur ces dernières années. J’ai intégré que la chose est complexe, mouvante, et que la forme de repli – partiel – actuel n’est qu’une phase. Il y en aura d’autres.

    Je ne me sens pas coupable vis-à-vis de ma compagne. Frustré, oui.

    #50089
    bzo
    Participant

    et quand je pars dans la compulsion, je le fais souvent sur un mode monomaniaque

    je connais ça aussi, j’ai en fait fonctionné comme cela toute ma vie

     

    ainsi, j’ai eu une période Mozart où je n’écoutais plus que sa musique du matin au soir et du soir au matin,

    je connaissais le catalogue de ses oeuvre, quasi par coeur,

    je hantais les magasins de disque (cela existait plus abondamment à l’époque) pour guetter la réédition sur cds de ses quatuors,

    exécutés par certains musiciens bien précis,

    cela a durée plusieurs années où je m’imbibais de Mozart, le cerveau, en permanence

     

    eu comme cela une période avec les opéras de Richard Strauss,

    une de musique chinoise savante,

    je sillonnais à longueur de nuit des forums chinois où l’on trouvait des liens de disques piratés,

    je cliquais au hasard car je ne connais rien au chinois, bien sûr,

    je triais après

     

    une autre, de musique indienne,

    etc, etc

     

     

    une autre où je pratiquais le jogging

    20km tous les jours pendant un an puis encore une douzaine, pendant deux ans

     

    une période Balzac où je n’ai plus lu que lui plus d’un an,

    une autre où j’ai lu pendant près de 3 ans , la Recherche du Temps Perdu, en boucle

    etc, etc

     

    j’ai toujours fonctionné comme cela dans tous les domaines,

    j’essaie de ne plus tomber dans le piège

    car cela va toujours jusqu’à la sursaturation, l’obnubilation

    puis finalement le rejet

     

    Et d’autre part, je me méfie de ma tendance à la compulsion et de l’effet rebond qu’elle peut enclencher – rebond vers le bas : après avoir beaucoup pratiqué et avoir ressenti un sentiment d’euphorie, de bien-être, vient un moment où je ressens un sentiment de vide, d’à quoi bon, lié à la répétition

    en effet, c’est assez similaire

     

    il y a quelque chose de tellement enivrant, euphorisant,

    à découvrir comme cela une piste qu’on a découverte,

    sur laquelle on peut foncer,

    et l’on vit plein d’émotions, de sensations, superbes,

    d’être immergé dans un monde avec lequel on a bcp d’affinités

     

    mais en effet, on peut facilement se faire piéger

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